Edouard de Penguilly, Président du ME93
Après la crise sanitaire, l’entrepreneuriat féminin est une richesse déterminante pour raccrocher le train de la croissance. La contribution de l’entrepreneuriat féminin au développement économique et social de la société ne fait plus de doute. Pourvoyeuses d’emplois directs, de croissance économique et d’innovations, les femmes restent cependant moins nombreuses à entreprendre que les hommes dans la majorité des pays.
En France, avec 39% de femmes créatrices d’entreprises, les femmes sont encore derrière les hommes dans la volonté de prendre en main leur destin économique par l’engagement dans la voie de l’entrepreneuriat. Les femmes représentent la plus grande réserve de création potentielle. Notre économie n’a pas le droit de rester neutre face à ce phénomène, nous devons nous mobiliser pour favoriser l’entrepreneuriat féminin qui stagne depuis des années à ce plafond de verre des 39%.
Et pourtant quand elles vont au bout de leurs projets les femmes représentent une richesse et une créativité bien nécessaire au bien commun.
Porteuses de l’économie de demain, les femmes créatrices d’entreprises sont plus proches de l’évolution de la demande sociale, elles sont plus sensibles à la satisfaction des besoins quotidiens, elles sont plus ouvertes à la prise en compte des spécificités territoriales, elles sont plus proactives sur l’économie circulaire, sur la transition énergétique et le respect de l’environnement, sur de nouvelles relations sociales dans l’entreprise, sur les nouvelles procédures de management socialement responsables.
En renversant l’échelle des valeurs, les femmes entrepreneures investissent largement l’économie de demain. Elles ont compris bien avant les hommes que la seule stratégie financière basée sur l’obsession du retour sur investissement était secondaire par rapport à des stratégies socialement responsables. Elles ont intégré qu’une stratégie socialement responsable était la voie royale de l’efficacité financière de la démarche entrepreneuriale moderne.
Les 20% d’écart entre les hommes et les femmes créatrices d’entreprise sont la réserve de croissance que notre économie attend. Il revient à ceux qui travaillent à l’essor de l’économie de demain de tout faire pour libérer cette énergie dormante.
Pour atteindre cet objectif majeur il faut lever les pesanteurs sociales qui pèsent encore trop souvent sur la décision d’entreprendre. Ces pesanteurs sociales toujours bien présentes s’expriment au travers du comportement de notre société contemporaine, il existe encore un vaste chemin à parcourir pour franchir le mur de la parité homme femme dans tous les secteurs d’expression de notre vie sociale, parité dans l’exercice des responsabilités politiques, parité dans les postes majeurs de management dans le secteur privé et dans le secteur public, même dans le monde culturel la parité de traitement, de fonction et d’écoute est encore déséquilibré.
On peut donc dire que ce pourcentage, ce manque à gagner de dynamisme de croissance est la marque de notre retard social dans la mise en œuvre d’une société moderne ouverte à tous, hommes et femmes, avec la même capacité de se réaliser, de s’engager, d’entreprendre. La lutte contre toutes les formes de discrimination sociale, économique et culturelle est la condition de la libération de toutes les énergies nécessaires à gagner le pari de la croissance et de l’émergence de l’économie de demain.